jour-là, pour la première fois, il m’a trouvé décidément mieux. Vous souvenez-vous de ce jour et de cette visite ?
Le timbre altéré, Isabelle balbutia :
— Oui, je m’en souviens.
Au bout d’un instant elle ajouta :
— Je me souviens de tout cela comme si c’était hier. Mais maintenant que l’obscur passé est éclairci, tout est fini.
— Je vous montrais mes plantes et je vous disais leurs noms, des noms bizarres qui vous faisaient rire. Il y en avait une qui s’appelait l’herbe aux sorciers. Je vous l’ai donnée, en disant : « Si elle était sorcière, je sais bien ce que je lui demanderais, moi ». Vous m’avez questionné, curieuse : « Quoi donc… quoi donc ? » Mais je n’ai pas voulu vous le dire.
Il poursuivit plus bas :
— Pourquoi dites-vous que tout est fini Isabelle ? Qu’est-ce qui est fini ? Pendant six ans, tous mes goûts ont été étouffés. Mon oncle ne comprend que l’effort productif qui s’échange contre de l’argent… rien d’autre… et j’ai souffert là-bas, autrement, mais autant qu’ici ; néanmoins dans mes heures les plus noires, votre image d’enfant me visitait toujours.