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parfum âcre, insupportable, s’échappa. Il reprit, suffoqué :

— Je m’en irai d’ici. Nous ne nous verrons plus pendant quelque temps. Vous réfléchirez… c’est cela que je voulais vous dire… Ma petite Isabelle… Ce que je veux avant tout, c’est que vous soyez heureuse, n’importe comment. Vous comprenez cela, n’est-ce pas ? Avec moi ou sans moi… ce que je veux avant tout…

— Mais pourquoi vous en aller ? questionna Isabelle anxieuse. Pourquoi ne pas rester ici auprès de papa et de moi qui vous aimons tant ?

Il murmura :

— Non… je ne puis pas rester à présent.

Et l’attachement enfantin d’Isabelle passa sur son cœur saignant comme une brûlure. Il demeura un moment étourdi sous l’écroulement de sa vie, puis brusquement il saisit la jeune fille, l’attira contre sa poitrine et balbutia :

— Isabelle… chère enfant… moi aussi je vous aurais bien aimée !…

Une seconde plus tard il s’éloignait d’un pas rapide sans se retourner. Isabelle le suivait de loin, le rappelant :

— Jacques !… Jacques !…