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bruit les deux rampes d’escalier, ouvrit la porte d’entrée avec la même attention craintive, la referma derrière lui et se trouva seul sur la grande route blanche et déserte. Il écouta un instant les sonneries lointaines, les sonneries abondantes du dimanche, s’égrenant, comme une grêle capricieuse, dans le silence du matin, puis, sous les rayons obliques du soleil levant, il se mit en route d’un pas pressé. En gardant à sa marche cette allure rapide, il était impossible qu’il n’atteignît pas avant midi un endroit d’où il pourrait apercevoir la mer ; il avait toute une journée à lui, toute une grande journée à vivre seul, en pleine campagne, en ruminant sa résolution.

Il allait devant lui sans s’arrêter. À perte de vue, sur la route sans fin, le soleil versait des torrents de lumière et pas une ombre d’arbre, pas un pan de mur n’offrait nulle part un refuge contre la chaleur.

Quand il eut marché deux heures de ce pas précipité, la fatigue finit par le terrasser. Alors il s’assit sur le bord de la route et, pour triompher de sa lassitude, il essaya de manger. La veille, à sa rentrée du collège, il avait trouvé sur sa table un petit paquet de