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Et ses traits enfantins se crispèrent comme s’il allait pleurer.

Mais il se leva presque aussitôt, les yeux secs, et se remit à courir du côté de la mer.

La ligne sèche des dunes fermait devant lui l’immense horizon, mais le trait naguère tout droit de la chaîne basse et sablonneuse perdait peu à peu sa monotonie. Elle se découpait en formes bizarres, s’échancrait de grandes coupures, s’affaissait et se relevait par pans abrupts ou bien s’arrondissait en croupes herbeuses, et tout au fond des ouvertures, à perte de vue, d’autres monts ondoyaient.

Derrière ces sommets gazonnés, devait se trouver la mer. Dévoré d’impatience, l’orphelin courait sans percevoir l’ardeur du soleil intense. Dès qu’il eut atteint le dédale compliqué des dunes, il s’y engagea et, sans reprendre haleine, il commença l’escalade d’un des escarpements au sol fuyant où ses pieds las enfonçaient jusqu’à la cheville.

Essoufflé, le cœur bondissant, il atteignait enfin le faîte, et brusquement l’immense masse d’eau bouillonnante apparut. En même temps un vent fort lui souffla au visage des bouffées d’air humide et glacé. Cela sifflait à ses oreilles, sans intermittence, en lui jetant au visage