son irritation, il se contint. Philippe était mal préparé à des luttes d’intérieur ; son passé ne l’avait pas accoutumé aux heurts d’une nature étrangère à la sienne, mais, sur ce point, il devait savoir se taire et accepter, tel qu’il était, le sort qu’il avait lui-même choisi.
Peut-être le départ inopiné de Lucien était-il cause du craquement qui semblait s’être fait entre les époux. Mais pourquoi donc ce pauvre enfant effarouché, qu’il avait appris à connaître pendant sa grave maladie, s’était-il brusquement décidé à s’en aller vivre une vie d’aventures si étrangère à ses goûts ? Il demanda enfin :
— Ne m’as-tu pas dit un jour que le père de Lucien a assuré son avenir à partir de sa majorité ?
— En effet, dit Philippe vivement, mais Germaine a négligé de le lui dire. Avec toute sa sollicitude extérieure elle n’avait pas ça d’intérêt pour ce garçon !
Il fit claquer le pouce et l’index de sa main gauche ; sa figure prit une expression dure et dédaigneuse.
Il ajouta au bout d’un instant :
— À sa première étape, il sera averti ; je ne le dépouillerai pas, sois tranquille.