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LE MARI DE LA POÉTESSE

tre ? Ce sera donc dans un autre monde ? Que de dettes à payer pour celui-ci !

Bref, on lui trouvait un nouvel éditeur, meilleur que le précédent. C’était Ladvocat, qui accepta de publier les Élégies et Poésies nouvelles, de Mme Desbordes-Valmore. Ajoutons que ce personnage, une sorte de mécène, devait mourir complètement ruiné.

En cette affaire, il se confiait à Latouche, dont la renommée et l’influence depuis cinq ou six ans n’avaient cessé de croître. Journaliste, critique, essayiste, il s’affirmait aussi comme poète. Il était célèbre, admiré plus encore que redouté. Et Valmore se félicitait de voir dans son jeu un pareil maître.

Parfois, tout de même, la vie devenait tellement dure, que le pauvre homme s’avouait en secret que la gloire littéraire est aussi creuse, sinon plus, que la popularité théâtrale. Publier des vers dans de vagues gazettes, se voir loué dans Le Mercure, savoir qu’un vieil académicien ou qu’un jeune romantique a récité par cœur une de vos strophes, cela ne désarme ni un propriétaire ni un épicier. Mieux valait encore perdre son temps à jouer Nanine !

Latouche n’ignora point ces difficultés, qu’il les apprît par quelque plainte discrète de la femme ou du mari. Il ne résista pas au désir d’en parler à Mme Récamier, qu’il entourait du culte le plus fervent.