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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

éveil. Il n’en avait conçu que plus d’estime et de reconnaissance pour son grand ami parisien ; mais Marceline en fut atrocement blessée. Hyacinthe avait agi à son insu, et alors qu’elle souffrait à mourir de son absence, il s’ingéniait à lui procurer de l’argent. Pensait-il la dédommager ainsi ? Comment ne sentait-il pas que mêler à leurs sentiments si profondément ulcérés de telles questions, c’était en quelque sorte les déshonorer ?

Ils refusèrent donc. Valmore avec regret, sa femme avec une sorte de fureur. De son humble foyer bordelais, où l’existence quotidienne devenait de plus en plus problématique, elle écrivit qu’elle ne voulait pas être surnommée « la pauvre de M. de Montmorency ». On dut en passer par là.

Cependant, ses bienfaiteurs, au lieu d’être froissés par ces manières orgueilleuses, n’en conçurent pour elle que plus d’estime et d’intérêt. Ils ne s’en tinrent donc point à leur première démarche. Le duc se chargea de parler de la poétesse et de son mari au roi Charles X, qui accorda une pension de mille francs.

Cette fois, l’irascible muse accepta une faveur qui venait de si haut, et d’autant plus facilement que Latouche ne pouvait y être mêlé que d’une manière fort indirecte, puisque, par toutes ses idées, il appartenait à l’opposition. Cependant, il n’avait cessé de s’occuper de l’affaire, on en a la preuve dans