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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

l’épouvante, car Lyon, secrètement travaillé par les légitimistes, ne cessait de gronder sourdement…

Un poète vint les voir dans leur dénuement. Un clerc d’avoué, nommé Auguste Barbier, auquel, brusquement, ses Iambes venaient de donner la célébrité. Au dernier étage d’une maison laide, vieille et humide comme elles peuvent l’être à Lyon quand elles s’y mettent, il trouva Marceline entre Line et Inès à peine convalescentes. Prosper était sorti. Il ne gardait rien, au cours ordinaire des journées, du héros rugissant, voué à l’interprétation des passions violentes qu’il était le soir ; il allait quotidiennement à cette heure-là, en bon père de famille, querir au collège son petit Hippolyte.

Auguste Barbier avait du cœur. Il fut touché par tant de misère et de résignation. Il parla de la révolution, des espoirs échevelés qu’elle avait déçus, de la vie qui reprenait peu à peu, comme auparavant. Marceline lui confia ses derniers rêves. Quitter cette sinistre ville, rentrer à Paris. Là, elle pourrait travailler efficacement, collaborer aux gazettes littéraires, comme elle l’avait fait auparavant. On la soutiendrait. On ferait augmenter sa pension. L’Académie la couronnerait. Elle pourrait publier le roman auquel elle travaillait depuis cinq ou six ans et où elle mettrait beaucoup d’elle-même, L’Atelier d’un Peintre : l’oncle Constant y revivrait, et quelques