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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

comptât sept printemps de moins que sa partenaire, était décidé à l’épouser. Bien qu’elle eût déjà un physique très usé, elle exerçait sur lui l’empire que les femmes de ce genre possèdent souvent sur certains jeunes hommes. Lui, venait d’une scène illustre, où il avait coudoyé les plus grandies actrices, Raucourt, Duchesnois, Mars : il admirait cette camarade sortie de la balle et qui avait déjà couru tant de provinces. Il a écrit plus tard :

Moins bien douée du côté de la figure que Mlle Mars, Marceline avait une voix pleine de charme et une physionomie bien autrement éloquente. Elle aussi avait rempli l’emploi des ingénuités ; mais élevée à l’air libre, n’ayant passé à l’école que le temps d’apprendre à épeler ses lettres, sa nature naïve n’avait pas eu à subir les entraves d’une éducation de pensionnat. Elle avait la gaieté et l’imprévu du moineau franc qu’elle appelait si bien le paysan des oiseaux. Les inflexions de sa voix étaient fraîches, naturelles… Elle possédait une diction d’une grande pureté. Son jeu, son débit étaient d’une telle vérité que le spectateur pouvait se demander en l’écoutant s’il était au théâtre : elle semblait le personnage même qu’elle représentait… Mlle Mars a maintes fois témoigné la haute estime qu’elle faisait de son talent.

La célèbre sociétaire, en effet, avait parfois joué en tournée avec eux. Récemment encore,