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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

place… Trente ans s’étaient écoulés, trente ans, depuis la fuite de Latouche en Italie ; avec la même flamme qui la brûlait alors, elle prendrait le même chemin. Amoureuse quinquagénaire, elle y rechercherait ses traces. Elle abolirait les années, les mauvais souvenirs, et toutes les disgrâces que lui avait apportées la vie. Ah ! partir, partir…

Valmore n’eut pas le temps de la voir agir, d’approfondir sa propre stupéfaction. Le 7 juillet, en un tohu-bohu inimaginable, on montait en diligence.

Les tournées théâtrales, depuis le chariot de Thespis, sont prétextes à littérature. Dans celle-ci, il n’y eut rien de particulièrement enivrant. D’abord, on reprenait la route de Lyon, qui rappelait de si mornes souvenirs ! Et il fallut séjourner quatre jours dans cette ville, où Valmore et les siens venaient de passer quatre terribles années. Encore s’arrangèrent-ils si naïvement qu’on leur vola cent francs. C’est toujours aux plus pauvres que surviennent de telles mésaventures. Prosper en fut irrité et penaud. Marceline ne s’y arrêta même pas. Par la pensée, elle avait déjà franchi les. Alpes.

Il restait cependant à les franchir dans la réalité, et ce fut assez long et incommode. Que de haltes avant de parvenir à destination ! Chambéry, Modane, le Mont-Cenis, Turin… On y arriva seulement le 16 juillet, et trois jours après, le 19, on fut à Milan.