Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

tard de leurs représentations, l’accueil méprisant qu’ils avaient reçu là-bas, le dédain et l’indifférence des autorités… Elle vivait un bien autre drame.

Le 15 août, Mlle Mars arriva, toujours triomphante, aimable, bienveillante. Valmore avait loué pour elle un petit logement bien situé, passablement garni, sur le Cours, au prix de quinze cents francs pour deux mois et il trembla qu’elle n’en fût pas satisfaite. Au contraire, elle se montra enchantée et rendit un peu de courage aux pauvres comédiens. Quoique le seul théâtre qu’on lui eût réservé fût une sorte d’écurie, où l’on exerçait d’habitude les animaux savants, elle y attira vite les Milanais, et les cinq représentations qu’elle donna obtinrent un succès enthousiaste. Mais c’était Elle ! En dehors d’elle, tout s’effondra dans une catastrophe pire que tout ce qu’on avait pu supposer.

Un soir, Valmore rentra dans son pitoyable logis, le front plus tragiqué qu’à l’ordinaire, et il révéla aux siens une terrible nouvelle : le bailleur de fonds de son impresario venait de découvrir que celui-ci lui mentait en prétendant posséder le privilège de donner des représentations à Naples et à Gênes. Prenant aussitôt ce prétexte, car l’affaire s’annonçait fort mal, il retirait sa commandite.

— Mais le traité…

— Le traité, nous le savons maintenant, n’a pas été signé. C’est la débâcle.