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LE MARI TROMPÉ

la jeune fille allait à l’atelier de Mme Haudebourg-Lescot, qui se trouvait justement tout à côté du logement que la famille avait choisi rue La Bruyère. Valmore épuisait ses dernières démarches : tout particulièrement, son ami Latouche avait bien voulu s’entremettre une fois de plus pour lui, et quitter son ermitage pour revoir d’anciens amis influents. On eût dit qu’avec l’âge et les difficultés croissantes, leur mutuelle sympathie grandissait.

Tout se révéla encore inutile. L’irréparable fut consommé. Prosper, appelé de nouveau à Lyon, prit la résolution héroïque de s’embarquer seul, tandis que sa femme et ses enfants demeureraient à Paris. Pour combien de temps ? Il n’en savait rien, mais tous aimaient à espérer que cette nouvelle séparation serait courte. Elle durerait plus de dix ans.

Au début, les rigueurs de la destinée semblèrent s’adoucir un peu en faveur de notre artiste. Il fut assez facilement réintégré dans son emploi, suffisamment rémunéré. Le public le revit avec sympathie. Les feuilletonnistes ne se montrèrent pas trop revêches. Il s’habitua à la solitude. Il y découvrit même quelques charmes. De plus, il devinait à travers les lettres quasi quotidiennes que Marceline se sentait, sinon plus heureuse, du moins plus apaisée ; sa pension lui arrivait régulièrement ; avec ce qu’il envoyait, lui, Valmore, sur ses appointements, elle pouvait songer à établir un petit budget. Enfin, l’ami Latouche