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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

ma reconnaissance, et quand j’essaie de m’en défendre, il répond que c’est toi qui lui en as fait un devoir dans ton absence. Je sais maintenant que mon devoir est de ne pas me trouver là, entre deux cours qui peuvent se rapprocher, et qu’il faut à tout prix que je n’y retourne pas[1].

En réalité, il y eut des explications, des scènes. Nous apprendrons plus tard quelle fut leur gravité, et aussi de quel puissant argument s’y servit Marceline. Loin de vouloir s’effacer par discrétion, elle avait posé devant Latouche l’alternative attendue : elle ou moi ? Et comme son vieil ami ne se décidait pas, et pour cause, sa fureur la reprit. Valmore, ahuri, apprit bientôt que, malgré ses avis, elle s’était brusquement réfugiée chez Caroline, autre délaissée, à Orléans, tandis que sa fille continuait à villégiaturer à Aulnay !

Quelle histoire invraisemblable ! Sa femme estimait qu’elle ne pouvait décemment aller à l’Ermitage, et elle y abandonnait Line ! Il prit la plume, il écrivit à l’un et à l’autre : à Latouche, pour lui présenter ses excuses, à Marceline, pour la rappeler à un sentiment plus. exact des choses. Justement, le vieil ami, inquiet de l’allure que prenaient les événements, formait un projet fort séduisant : il partirait, lui aussi, pour Orléans, ramènerait Line à sa mère et offrirait à celle-ci de l’emmener

  1. Lettre du 6 mai 1839.