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AUX ÉCHOS DE WATERLOO

range les couverts, survient tout juste un personnage, bizarrement déguisé et fort mystérieux : c’est son père, Granville, qui a tiré le sabre contre son capitaine, et qui s’est enfui après avoir été condamné à mort. Il n’a d’autres ressources qu’un couvert d’argent, hérité de sa femme et qu’il charge Annette de vendre en secret à un juif du village. Elle en déposera le prix, le lendemain, dans un saule creux qu’il lui indique.

Pendant cette scène, arrive le bailli, porteur de l’ordre d’arrêter le fugitif : tandis que la pauvre servante s’efforce de détourner son attention, une pie, dont la cage s’est ouverte, une pie merveilleusement imitée grâce à une pièce mécanique d’une rare perfection, saute sur la table, prend une des cuillers de Mme Gervais et l’emporte. Le rideau tombe.

Au second acte, Isaac, dont le nom révèle la nationalité, achète pour dix-huit francs le couvert du proscrit. Quelques instants après, la patronne inspecte son argenterie et constate qu’il manque une pièce. Recherches, plaintes. Le bailli, pour se venger d’Annette qui a toujours repoussé vertueusement ses avances, dirige les soupçons contre elle. La petite pleure, tire son mouchoir, et trois écus de six francs roulent sur le plancher. Oh ! oh ! D’où vient cet argent ? On sait que, huit jours auparavant, elle a envoyé à son père toutes ses économies. Et alors ?

Interrogatoire de l’honnête Isaac. Il déclare