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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

écrite de chez Béranger ! J’ai peur qu’il ne soit très défiant. Quant à moi, je te jure que je l’ai toujours accueilli de même, et que nous n’avons en rien justifié ses plaintes.

Tu sais au reste combien je suis absorbée de travail de toute nature et combien il m’est doux de vivre en bête de temps en temps. Je n’irai donc pas à la campagne, parce que cela chavire tout l’ordre de mon ménage, mais toutes les fois qu’il viendra, tout ce que tu sais que j’ai est à son service, accueil d’amitié par la sienne et consolation pour la tristesse, quand il a l’air d’en avoir.

Après cela, comme tout le reste ne me regarde pas, je ne m’en mêle et ne m’en mêlerai en rien. Ce que j’ai entendu dire était faux. Je le crois, parce qu’il me l’a attesté. J’espère qu’un beau et bon travail servira d’aliment salutaire à cette âme ardente, qui s’occupe en ce moment de trop peu de chose. Ces tracasseries ne sont pas bonnes à l’homme et le détournent de son but, l’amour de son pays et sa gloire personnelle[1].

Ici, M. Valmore crut avoir gagné la partie. Marceline ne voulait plus s’occuper de Louise Ségaut. Si elle refusait de revenir à Aulnay, c’était uniquement à cause de son travail littéraire et de son ménage. Il ne se doutait pas qu’en même temps elle était « prosternée de palpitations de cœur et de fièvre nerveuse »,

  1. Lettre du 23 juin 1839.