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LE MARI TROMPÉ

Ne soyons ni sceptiques, ni rongés d’une secrète ironie. Ne sourions pas de M. Valmore, qui désormais va rompre avec Latouche, et s’inquiéter de préserver sa petite Line de ses atteintes. Il a cru en Marceline, aveuglément. Et après ? La postérité y a cru comme lui. Elle a été convaincue des vices abominables de l’auteur de Fragoletta et de La Reine d’Espagne, qui, après avoir séduit la mère, voulait corrompre la fille…

Cependant, il y avait bien autre chose sous ces pénibles débats. Exactement à la même époque, l’homme que l’on ne cessait de représenter comme un être odieux, méprisable et débauché, écrivait à son ami Charles Duvernet, qui lui proposait l’achat d’une propriété en Berry :

Je connais Roches-Folles ; ce lieu n’est pas assez beau pour consoler de la présence, je veux dire de l’absence de la Creuse, et remplacer les stériles coteaux de Vineuil et de Mouhers, qui sont chargés de souvenirs d’enfance. Et puis, le tout est trop cher, et puis, surtout, je suis trop profondément triste pour croire que la vie vaille à présent la peine d’un mouvement, d’un soin. Je craindrais de vous accabler de ma seule présence. Tout s’en va pour moi dans l’existence.

Depuis que je ne l’ai vu, j’ai perdu une espérance encore. Je voulais vivre de la vie d’un autre et me faire un avenir de l’avenir