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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

fine, peu sentimentale, souvent silencieuse, quand elle n’était pas mordante elle déconcertait son père et sa mère, elle enchantait l’ermite du Val.

À quel moment Marceline l’avait-elle laissé croire à cette paternité clandestine, qui le flattait secrètement ? Très probablement à l’époque, où, rentrée de Lyon, elle avait essayé de renouer avec lui des liens dont il ne voulait plus. Par là elle pensait le ressaisir encore. Malgré son âge, aggravé de sa laideur affligeante et pénible de femme usée par la vie, elle s’était ainsi rapprochée de l’homme unique dont l’amour occupait ses nuits et ses jours. Il n’était plus amant, il serait père. À la faveur du sentiment nouveau qu’elle venait de lui suggérer, elle s’était, et durablement, espérait-elle, insinuée dans son existence. Valmore installé à Lyon, dont il ne pouvait décidément plus sortir, elle se laissait aller à l’illusion dont elle avait toujours rêvé, d’un ménage avec Latouche. Leur enfant les unirait. Ils se pencheraient ensemble sur elle, sinon avec passion, du moins avec une certaine tendresse. Et là, dans ces premiers mois du retour, Marceline, au prix de bien des renoncements, semblait avoir enfin trouvé comme une sorte d’ombre de bonheur.

On comprend le trouble effrayant qu’avait apporté au milieu de ces rêveries la visite de Louise Ségaut, et la crise qu’elle avait déclenchée. Maintenant, on s’explique, on reconsti-