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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

il revenait sans relâche à la charge. Pourquoi as-tu écrit ceci ? Et cela ? Parle. Je t’ai dit toute la vérité sur ma vie. Tu peux lire en moi comme en un livre ouvert. Pourquoi ne pas dissiper les ombres qui me dérobent le fond de ta pensée, de tes rêveries peut-être, de désirs insatisfaits et évanouis qui n’eurent rien de coupable, mais qui, enfin, m’expliqueraient ton mystère !

Comme ce bel homme à succès ignorait les femmes ! Rivée désespérément à l’attitude qu’elle avait choisie, Marceline n’avouerait jamais ; ainsi qu’un enfant pris en faute, elle recommencerait passionnément ses éternelles explications :

… Le sort nous a fait bien du mal en nous séparant, mais je me sens aussi pénétrée de l’espoir que ce n’est qu’une grande et sévère épreuve ; après quoi je serai réunie à toi, Valmore, pour qui je donnerais vingt fois ma vie.

Si ce serment, vrai devant Dieu, ne suffit pas à la tendre exigence de ton affection pour moi, je suis alors bien malheureuse, et si tu vas chercher dans le peu de talent dont j’abhorre l’usage à présent, des recherches pour égarer ta raison, où sera le refuge où j’abriterai mon cœur ? Il est à toi tout entier.

La poésie n’est donc qu’un monstre, si elle altère ma seule félicité, notre union. Je te l’ai dit cent fois, je te répète ici que j’ai fait beau-