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UNE JEUNE PREMIÈRE

pas tarder, en effet, à s’y marier, l’une à Charleval et l’autre aux Andelys.

Marceline, au contraire, ne s’arrêtait pas longtemps à Rouen. Il paraît qu’à cette époque, elle chantait fort bien les dugazons. Ah ! le bon M. Mouton pourrait être fier de son élève ! Voici que les célèbres chanteurs Elleviou et Martin, passant en tournée, daignèrent la remarquer, et apprécier sa physionomie douce et mélancolique, sa diction pure aux inflexions justes et variées, ses gestes simples et aisés. Dès leur retour à Paris, ils la signalèrent à leur maître Grétry, qui cherchait une interprète de ce genre pour la reprise de son opéra-comique, Lisbeth. Il les écouta, s’intéressa à cette petite provinciale ignorée, et l’appela près de lui.

Il jugea qu’on ne l’avait pas trompé ; et sachant qu’elle se trouvait sans ressources, il la recueillit chez lui, en la confiant à sa fidèle servante Jeannette ; il la fit travailler lui-même et prépara son entrée à l’Opéra-Comique.

Marceline débuta place des Italiens, le 29 décembre 1804, et fut adoptée d’emblée dans Lisbeth, de son maître, et dans Le Prisonnier ou la Ressemblance, de Della Maria.

La seconde de ces deux pièces n’avait pas grande importance, petit opéra-comique en un acte, qui ne valait que par d’agréables couplets : « Lorsque dans une tour obscure »… ou de jolis refrains : « La pitié n’est pas de