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MALHEURS DE LA JEUNE PREMIÈRE

de ce poète. Son intuition féminine lui fit comprendre qu’il s’entendrait à merveille avec Marceline. Elle le présenta à sa rêveuse amie, qui s’enflamma bien vite, mais qui, pour tromper l’embarras le plus doux », jouait mélancoliquement de la harpe. Cela formait une délicieuse estampe, bien faite pour illustrer les vers de l’un et les romances de l’autre.

Car nous avons l’incroyable fortune, que n’eut point. M. Valmore, de pouvoir reconstituer cette histoire dans les élégies des deux amants. Celles de Latouche sont parfois rocailleuses et imprécises :

Ô nuits ! brûlantes nuits sous le Nord frémissantes,
Ce cœur qui s’éveillait sous mes mains caressantes,
Ce cœur qui m’appartient, dont on veut me bannir,
Qu’il palpite à jamais de mon seul souvenir !

L’œuvre de Marceline exaucera ce souhait orgueilleux. À travers ses innombrables élégies, et même dans ses romans et nouvelles, nous retrouverons l’amour-passion qui l’a embrasée dans les années 1809-1810, pour paraître s’éteindre parfois, mais pour se ranimer, ensuite, plus terrible et plus cuisant jusqu’à la fin. Voilà bien ce dont son mari ne s’est jamais douté. Au début, ce n’a été qu’un « badinage enchanteur ». Délie s’est amusée à lui faire connaître son brillant amant, à lui faire lire les vers qu’il a écrits pour elle. Marceline a voulu se garder d’intervenir dans l’idylle.