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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

droit de pleurer et de rêver en paix. On se chargea de le lui préciser. Au travail !

Ce travail se présentait dans les conditions les plus défavorables. À la suite de ses couches cruelles, « les larmes lui étaient tombées dans la voix ». Plus de dugazon. Jamais elle ne pourrait reprendre le répertoire où elle avait d’emblée obtenu de si brillants succès. La musique, en elle, ne tournerait plus qu’à la poésie.

Pourtant, comment vivre ? Il lui restait la comédie et le drame où, à Bruxelles, elle avait été si fort appréciée. Grâce à Délie, qui devait bien tout de même regretter un peu son imprudence, elle put obtenir d’entrer à l’Odéon. Elle aurait ainsi l’amère vengeance de jouer les fameux Projets de Sagesse, où son amant laissait déjà percer, hélas ! son scepticisme désabusé. Elle mettrait surtout les douleurs précoces de sa vie, son amour tenace et sacrifié dans La Claudine de Florian, ces trois actes de Pigault-Lebrun, d’où était sortie Lisbeth, son premier grand succès.

Quel rôle, et combien il semblait fait pour elle !

Un Anglais, sir Belton, en excursionnant dans la vallée de Chamouny (sic) a séduit une jeune et pure montagnarde, Claudine. Le père de celle-ci, Savoyard intraitable sur les principes, veut bien lui pardonner, mais à condition qu’elle abandonnera le fruit de son malheureux amour. Elle refuse. Elle prendra des