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CONTINUATION DES MALHEURS

La pièce elle-même n’avait rien d’un chef-d’œuvre. C’était sur elle qu’un malveillant avait composé cette épigramme :

D’avoir hanté la comédie
Un pénitent, en bon chrétien,
S’accusait et promettait bien
De n’y retourner de sa vie.
— Voyons, lui dit le confesseur,
C’est le plaisir qui fait l’offense.
Que donnait-on ? — Le Déserteur.
— Vous le lirez pour pénitence.

Sedaine a cherché ici les effets purement dramatiques. Louise (Mlle Desbordes), fille de l’invalide Jean-Louis, est promise au milicien Alexis. Celui-ci va rentrer du service et le mariage se prépare, lorsque les villageois, dans leur simplicité rustaude, ont l’idée saugrenue de lui faire savoir mystérieusement que sa fiancée l’a oublié et qu’elle se dispose à épouser Bertrand, son cousin. Cette mauvaise plaisanterie produit un effet désastreux sur le pauvre garçon, qui, sans attendre sa libération, déserte son poste. On l’arrête, on le traduit en jugement. Et quand Louise vient pour le désabuser, il est condamné à mort. Tout semble perdu, mais la jeune fille, en se jetant aux pieds du roi, obtient la grâce d’Alexis. Cela composerait évidemment une œuvre assez noire, si le dragon Montauciel, chargé de la partie comique, ne provoquait, de temps à autre, quelques éclairs de gaieté.

Enfin, de ce passage à l’Odéon, qui dura