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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

également dans la comédie, bien que ce genre lui agréât infiniment moins. Il plaisait particulièrement dans le rôle de Jupiter, d’Amphitryon, qui séduisit plus tard Mounet-Sully. Sa resplendissante beauté juvénile y faisait merveille. Un murmure flatteur saluait son apparition finale, en robe d’or, dans les nuages habilement machinés. Il était vraiment superbe, avec son foudre et son aigle, tandis que roulait un tonnerre de zinc.

Regarde, Amphitryon, quel est ton imposteur,
Et sous tes propres traits vois Jupiter paraître :
À ces marques tu peux aisément le connaître ;
Et c’est assez, je crois, pour remettre ton cœur
Dans l’état auquel il doit être,
Et rétablir chez toi la paix et la douceur.

Sa voix éclatante martelait déjà les vers avec autorité, sinon avec finesse. Il se croyait le maître des dieux. Malheureusement, un soir, le 2 mai 1813, sa fougue orgueilleuse l’emporta trop loin. Au moment qu’il voulait terminer avec un grand effet :

Les paroles de Jupiter
Sont des arrêts des destinées,

au lieu de disparaître dans les nues, il s’effondra dans le décor avec un bruit affreux. Un câble s’était rompu, la plate-forme basculait, et Zeus dégringolait du haut du cintre sur le plateau. Ce fut, sur le premier moment, une