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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Nanine, de Voltaire, Frédégonde et Brunehaut, de Népomucène Lemercier. À ses côtés, essayant de dissimuler les fatigues de sa troisième grossesse, sa pauvre femme, usée et brisée, interprétait le plus gaiement qu’elle le pouvait les Zerbinette et les Marinette, ou, à volonté, la reine Brunehaut, dans le drame mérovingien. Quel effort d’apprendre, pour quelques représentations à peine, ce texte rocailleux et sans vie ! Elle le fit pour être agréable à Valmore, qui, lui, rayonnait. Secouant son opulente chevelure, magnifique et sonore, il était le jeune Mérovée, fils de Chilperic, haï par sa marâtre, trahi par son épouse. Il essayait de faire vibrer le public lyonnais à l’audition de cette vieille histoire, sans couleur locale, et toute bourrée d’anachronismes. Il n’y réussissait pas et n’y comprenait rien.

Alors, il revenait à la comédie, où sa grandiloquence le desservait. Au cours de sa carrière mouvementée, il devrait s’essayer ainsi dans tous les genres. On l’entendit avec Marceline dans Le Dissipateur ou l’honnête friponne, cette pièce que Destouches, dès 1736, avait imitée du Timon d’Athènes de Shakespeare, en y mélangeant tous les styles. Marceline incarnait Julie, la jeune veuve, que Cléon veut épouser, et qui, avec l’aide de sa servante Finette, entreprend de le guérir de sa prodigalité. Elle jouait ces scènes, où passe le souvenir du Retour imprévu, de Regnard,