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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/125

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

Nous avions enduré pendant plus de cinq mois tout ce que le cœur, l’esprit et le corps humains peuvent endurer à la fois de souffrances prolongées.

Nous étions donc devant la ville de Sydney, capitale de la Nouvelle-Galles du Sud, où devait se consumer, confondus que nous allions être avec les grands criminels du Royaume-Uni, une portion notable de notre existence terrestre.

À peine une heure s’était-elle écoulée, depuis notre arrivée, que le digne évêque de Sydney, monseigneur Polding, accompagné d’un missionnaire, le père Brady, arrivait au milieu de nous. Le charitable prélat nous dit que, bien qu’incapable de nous distinguer les uns des autres, il nous connaissait tous, que nous étions ses enfants arrachés à l’Église du Canada, mais confiés désormais aux soins de l’Église de la Nouvelle-Galles du Sud. Les évêques du Canada avaient écrit à monseigneur Polding, et leurs missives de religion et de charité nous avaient précédés dans ces régions lointaines de notre dur exil.

Monseigneur Polding et son compagnon, le père Brady, qui parlait le français avec la plus grande facilité, demeurèrent avec nous environ une heure et demie, pendant laquelle ils nous prodiguèrent toutes les consolations que peuvent suggérer les effusions de la charité et du zèle sacerdotal. Monseigneur nous annonça qu’il viendrait le lendemain avec des prêtres recevoir nos confessions ; puis, avant de partir,