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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/166

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notes d’un condamné politique.

Les causes de cette crise tenaient au mode de colonisation, adopté depuis quatre ou cinq ans par le gouvernement, et à la rage de spéculation qui s’était, en conséquence, emparée de cette population pleine de convoitises, avide des jouissances matérielles, et que ne retenait guère le souci de la religion.

Jusqu’à l’époque que je viens de mentionner, le gouvernement anglais donnait les terres, par lots considérables souvent, à tous les colons sujets britanniques et aux forçats libérés. L’Angleterre dépensait de plus dans la colonie des sommes considérables, et les administrations pénales fournissaient aux colons un travail à bon marché, dans la personne des condamnés non encore pardonnés. De plus, les travaux des grandes routes, les travaux des ports de mer, étaient faits par les forçats nourris, entretenus et gardés par le gouvernement de la mère patrie.

Cette abondance de biens arrivant ainsi aux colons, sous forme d’octrois gratuits de terres, de main-d’œuvre à bon marché, en un mot de secours de toutes sortes sortant des trésors de l’Angleterre, avait donné à ces établissements lointains des développements rapides ; bon nombre de gens faisaient des affaires magnifiques. Le bruit de ces succès se répandit dans les trois royaumes et les immigrés commencèrent à affluer.

Le gouvernement anglais, voyant la valeur des terres augmenter, crut devoir changer de