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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/197

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notes d’un condamné politique.

de l’intelligence et l’aristocratie de l’argent de la ville que nous habitions ; quant aux titres et aux parchemins, je crois que nous étions tous de niveau sur les registres de l’Empire, condamnés portant un ticket of leave. Nous passions pour avoir quelqu’argent et nous couchions, mon compagnon dans la boulangerie, et moi dans le magasin, deux édifices peu vastes et contigus. Par une nuit sombre, je fus éveillé par un bruit étrange, que je soupçonnai de suite être causé par des voleurs ; je m’élançai hors de mon lit, en appelant à plein gosier mon compagnon, ce qui mit en fuite les voleurs, car c’en était. Il était temps, puisque nous trouvâmes le coffre qui contenait nos hardes et le petit avoir de notre commerce sur le seuil de la porte, où les brigands l’avaient abandonné. Ainsi prit fin un incident qui aurait pu être pour nous un petit désastre, si pas un malheur plus grand ; car, dans un pays comme celui-là, les violations de domicile sont très-souvent accompagnées ou suivies d’effusion de sang.