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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/228

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

Nulle visite ne pouvait arriver plus à propos car on sait avec quel zèle et quel dévouement M. Ludger Duvernay a servi la cause des exilés de 1838. Je lui fis part de suite du sujet de la communication que j’étais occupé à écrire quand il était entré. Il me répondit que la chose était faite ; que les souscriptions prélevées dans toutes les paroisses et villes du Bas-Canada, et alors intégralement payées entre les mains du trésorier-général de l’Association de la délivrance, M. Fabre, étaient amplement suffisantes.

Nous allâmes ensemble chez M. Fabre, qui me reçut avec bienveillance et urbanité, et à la mémoire duquel j’ai des obligations toutes particulières. Il me dit que le fonds de secours pouvait suffire à toutes les dépenses ; mais qu’on avait éprouvé des mécomptes dans les moyens tentés pour transmettre ces valeurs en Australie. J’indiquai à M. Fabre les moyens que mon expérience des affaires en la Nouvelle-Galles du Sud me suggérait.

Qu’on me pardonne d’intervertir ici l’ordre chronologique des événements, pour constater le retour de mes compagnons d’exil et signaler un acte de générosité que la justice veut qu’on ne passe pas sous silence. Quinze ou seize mois après le jour où je m’étais rencontré avec MM. Duvernay et Fabre, tous mes compagnons d’exil étaient de retour au pays, à l’exception d’un seul, Joseph Marceau, qui, s’étant marié à Sydney, ne voulut pas ou ne put pas revenir.