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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/51

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

de M. le Dr. Perrigo qui n’a jamais subi de procès. Le docteur nous donna pour explication de cette étrange exception, qu’il devait cette faveur à son titre de franc-maçon. J’espère bien, pour ma part, ne recevoir jamais de faveur pour appartenir à une société défendue par l’Église. La franc-maçonnerie, ou quelque chose d’aussi peu recommandable avait donc réduit notre nombre à onze. Le Dr. Perrigo n’était pas d’origine française.

La procédure avait lieu en anglais, langue que la plupart d’entre nous ne comprenaient pas ou à peine ; mais nos avocats, MM. Drummond et Hart, étaient infatigables et nous tenaient au courant de ce qui se passait, sur notre compte, pour ainsi dire à notre insu. Que ces messieurs veuillent bien accepter ici l’expression bien pâle mais bien sincère de ma reconnaissance.

Tous les matins, à neuf heures, nous étions conduits au palais de justice, dans la même voiture qui nous avait amenés de la Pointe-à-Callières à la prison, escortés par un détachement de cavalerie volontaire.

Le 18 janvier furent exécutés cinq autres compatriotes, dont le procès avait eu lieu avant le nôtre : Théophile Decoigne, Joseph Robert, Ambroise Sanguinette, Charles Sanguinette et F. X. Hamelin. L’exécution eut lieu à neuf heures et, ce jour, on retarda pour nous l’heure de nous rendre en cour. À neuf heures trois quarts on nous mit en route. Près de la porte de la prison, nous vîmes les cinq cadavres de