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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/55

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

ser beaucoup… Que ces plaisanteries soient légères à leur conscience !

Je dois à la justice et à la reconnaissance de dire que, pour ce qui me regarde, les témoins de la couronne m’ont montré beaucoup de sympathie et n’ont point oublié de témoigner de ce qui pouvait m’exonérer ou pencher en ma faveur.

J’entre dans ces détails, parce que c’est de l’histoire, et parce que, dans tout cela, il y a un profond enseignement pour tout le monde.

Le 24 janvier, vers les trois heures de l’après-midi, on nous fit passer, les uns après les autres, dans la chambre du geôlier, où les juges-avocats de la cour martiale, MM. Dominique Mondelet, C. D. Day et le capitaine Muller, nous donnèrent communication de la sentence… Nous étions, tous les onze condamnés à être pendus[1] !…

Nous nous attendions à cette décision ; mais une pareille sentence ne laisse pas pour cela de produire une profonde impression, et puis, la

  1. Les sentences étaient conçues en ces termes : — That N… N… be hanged by the neck till he be dead, at such time and place as His Excellency the Lieutenant General Commander of the forces in the Provinces of Lower and Upper Canada, and Administrator of the Government of the said Province of Lower Canada, may appoint !

    « Que N… N… soit pendu par le cou jusqu’à ce qu’il soit mort, à tels temps et lieu que voudra bien indiquer Son Excellence le Lieutenant Général, commandant les troupes dans les Provinces du Bas et du Haut Canada et administrateur du Gouvernement de la Province du Bas Canada. »