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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/97

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

trouvai placé sur le banc, à l’extrémité arrière du couloir de tribord, ayant pour voisins les plus proches M. le capitaine Morin, M. Morin, fils, MM. les notaires Huot et Lanctot, M. le Dr Newcombe et le jeune Ducharme.

Le lit qui m’était destiné, à moi quatrième, était le lit du second rang, du premier compartiment de tribord, en arrière (voisin de l’écoutille marquée C sur le diagramme). C’est dans ce compartiment que l’élévation, entre les deux ponts, était la plus grande ; il fallait, de cet endroit, franchir une marche pour arriver au niveau général du pont qui servait de plancher à notre prison.

Une fois que nous fûmes installés ou plutôt empilés, avec nos petites valises, dans cette étroite, obscure et fétide prison, on nous fit servir le dîner, composé de bœuf salé froid et de biscuit, puis nous fûmes laissés à nos tristes réflexions et aux terribles pressentiments que cette manière de nous traiter nous suggérait tout naturellement.

Le soir on vint nous apporter le souper ; c’était un brouet clair de farine d’avoine, qu’on nous présentait dans un seau, où nous puisions avec une tasse d’une chopine qui constituait la ration réglementaire pour tous.

Immédiatement après le souper, on nous intima l’ordre de nous mettre au lit au son d’une cloche qui devait sonner tous les soirs à huit heures : l’heure du lever était fixée à six heures. On devait garder le silence le plus absolu pen-