Aller au contenu

Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

sans pouvoir jeter un dernier coup-d’œil sur cette belle nature du Canada, si belle surtout dans ce magnifique port de Québec où nous nous trouvions en ce moment !… D’un commun accord, nous nous jetâmes à genoux et nous mîmes à dire ensemble la prière du matin, pratique que nous avons fidèlement observée matin et soir tout le long du voyage. Cette première prière fut interrompue, pendant quelques instants, par des coups de canon tirés par notre vaisseau, salut auquel répondirent les canons de la citadelle du Cap-Diamant.

Vers sept heures, on nous fit mettre en sections de douze pour recevoir nos aliments. Un seau était le plat commun, destiné à contenir, tour à tour ou conjointement, tous nos aliments : du reste, nous n’avions ni couteaux, ni fourchettes, ni cuillers ; tout notre service de table se composait d’une petite tasse ou mesure de chopine.

Le régime alimentaire était ainsi ordonné : déjeuner, — une chopine de gruau d’avoine faiblement édulcoré ; dîner, — 4 onces de bœuf salé, 4 onces de pudding au suif et quelques onces de biscuit, ou bien (alternativement de deux jours l’un) une chopine de soupe aux pois, 3 onces de lard et 11 onces de biscuit ; souper, — une chopine de cacao, avec le peu de biscuit qui nous restait du dîner, quand il en restait.

La tablée à laquelle j’appartenais jouissait du luxe d’un petit couteau de poche que possédait le capitaine Morin ; ce couteau nous servait à