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Chansons vécues

Mais soudain, voici qu’une folle idée
Par la ruse et par l’amour fécondée,
Germe audacieuse en son jeune esprit,
Et, fébrilement, presque soulagée
Par l’espoir qu’elle a de se voir vengée,
Tel est le billet galant qu’elle écrit :


« Mon petit Pierrot, tu m’as délaissée,
« Moi qui t’avais fait roi de ma pensée,
« Et j’ai bien souffert de ton abandon.
« Rien n’éveillera ta tendresse morte,
« Je pars et je laisse au seuil de ta porte
« Mon rêve défunt avec mon pardon. »
Un bruit de pas lourds de l’escalier monte,
C’est lui qui revient ! Colombine est prompte
À rendre apparent l’amoureux billet
Qu’il faut que l’ingrat trouve, prenne et lise
Et, prête à jouir de son entreprise,
Elle se blottit non loin du buffet.


Mais la porte cède aux fortes poussées
Que lui font subir deux mains convulsées.