Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 2.djvu/5

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disposition permettra à la Ville de rentrer en possession d’une quantité d’objets dont la propriété pourrait, dans beaucoup de cas, lui être discutée. Il cite, à ce sujet, les difficultés devant lesquelles on se trouve pour résoudre la question de possession des peintures de Chasseriaux à la Cour des comptes.

Cette proposition est adoptée.


Proposition tendant à trouver le moyen de modifier les tracés actuels d’alignement ou de nivellement susceptibles, en cas d’exécution, de détruire des monuments intéressants ou de modifier des aspects.

M. Laugier appuie cette proposition, il cite comme exemple la tourelle de la rue Vieille-du-Temple que M. Alphand avait tant promis de sauvegarder, mais que les projets d’alignement adoptés jusqu’à présent comprennent toujours dans les démolitions à effectuer.

M. Alfred Lamouroux signale, à ce propos, le cas de l’hôtel Carnavalet qui devrait disparaître si l’on exécutait l’alignement de la rue des Francs-Bourgeois, à moins, toutefois, que l’on ne voulût conserver cet hôtel à la condition, alors, de faire disparaître celui de Lamoignon. Il croit que ce dilemme n’est pas unique dans l’histoire des alignements de voies. Il ajoute que nos règlements de voirie et de police ne laissent pas non plus de menacer nos édifices et nos maisons les plus curieuses, témoin les gargouilles de l’hôtel de Sens. Sous prétexte qu’elles laissent échapper leurs eaux sur la tête des passants, et à la suite d’une plainte d’un particulier, la Préfecture de Police avait tout récemment mis en demeure le propriétaire d’avoir à supprimer ces gargouilles, cause du prétendu délit. M. Alfred Lamouroux réussit néanmoins à démontrer le non-fondé de ladite plainte et à faire surseoir aux mesures coercitives demandées.

La proposition est adoptée.


M. le Président pense que, dans ce même ordre d’idées, il serait utile de soumettre à la Commission, préalablement à leur envoi au Conseil municipal, tous les projets d’opérations nouvelles et de travaux dont l’exécution pourrait entraîner la disparition de monuments historiques ou artistiques.

Il prie la Commission de vouloir bien prendre une décision à ce sujet.

Cette proposition est adoptée.


M. Blondel demande si la Commission a l’intention de mettre à son ordre du jour la question de l’acquisition de l’hôtel de Sens.

M. Alfred Lamouroux pense qu’en cette affaire la Commission fera bien de ne prendre aucune décision avant que la Ville ne soit fixée sur les conditions du propriétaire. Il rappelle les prétentions véritablement exagérées émises lors de négociations précédemment entamées à ce sujet. Il ajoute qu’il ne faut perdre de vue que l’hôtel de Sens n’est plus guère qu’une silhouette à peine indiquée. La façade a été dénaturée, les fenêtres agrandies et déformées, les salles intérieures n’existent plus ou ont été massacrées pour les besoins du commerce et de l’industrie, au grand préjudice de l’intérêt historique. Il ajoute qu’il ne serait peut-être pas impossible de s’entendre avec l’État pour l’acquisition de ce monument, sauf à se mettre d’accord pour son affectation.

M. Levraud rappelle que la 4e Commission du Conseil municipal avait autrefois entamé des négociations avec le propriétaire de cet immeuble. Avec son collègue M. Louis Lucipia, il avait été chargé de le visiter de fond en comble, et constatation avait été faite de l’état lamentable dans lequel se trouvait cet hôtel au point de vue de la conservation architecturale. La Commission, d’ailleurs, en présence du prix exorbitant qui en était demandé, avait rayé l’affaire de son ordre du jour.

M. Jules Périn fait remarquer que les appartements et les salons des archevêques de Sens ont été défigurés depuis bien longtemps déjà par le bureau des voitures publiques pour Lyon (qui y fut établi en 1752), par des ateliers de blanchisseuses, par un commissionnaire de roulage qui, disait Girault de Saint-Fargeau, en 1850, avait installé dans les appartements des prélats de Sens les cuisine et réfectoire pour les rouliers de l’Auvergne.

Après un échange d’observations, la Commission décide que la question sera réservée et renvoyée à la 1re Sous-commission, qui voudra bien soumettre un rapport à ce sujet.