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partie de mur avec fenêtres, il est bon de s’en tenir à l’inclinaison du toit construit à l’époque où cette partie de mur a été élevée, et, quand elle n’existe pas, on choisit l’inclinaison du plus ancien toit. Toutes les fois que l’on enlève des plombs, il faut les remettre en place. Il ne faut pas toujours condamner les toits plats.

La question de l’inclinaison d’un nouveau toit dépend de tant de circonstances que l’architecte seul doit en décider, mais il ne faut pas modifier à la légère la forme de l’ancien toit. Dans quelques cas particuliers, s’il y a discussion quant à l’aspect extérieur de la partie plate d’un vieux toit incliné, on peut conserver le toit plat à l’intérieur, et élever au+dessus un toit incliné. Les toits plats sont aussi dignes d’âtre conservés que les autres.

Dans les districts où les vieilles églises sont couvertes en pierres plates, il est très désirable de conserver ces pierres plates, plutôt que de se servir de tuiles ou d’autres couvertures.

Les extrémités des poutres et des chevrons sont souvent seules détériorées par les fuites des gouttières. Le vieux toit ne doit pas être mis à l’écart pour cette raison ; mais on doit seulement refaire ces extrémités détériorées.

11° Les vieux édifices ont souvent été altérés à différentes périodes ; quand il en est ainsi, toute l’œuvre ancienne doit être mise à découvert et conservée, de façon à exposer aux regards l’histoire de la construction’ et ses altérations successives aussi distinctement que possible. Cela peut souvent se faire en laissant à découvert toute la pierre et le blocage intérieur, sans les recouvrir de plâtre. Toutefois l’on doit comprendre qu’il s’agit là de mettre en vue des formes de construction intéressantes, et non pas d’enlever les vieux plâtres, ou d’exposer à la vue de la maçonnerie brute qui aurait été anciennement recouverte de plâtre.

12° En aucun cas il ne faut, toucher aux effigies monumentales, aux cuivres, aux figures ou aux feuillages sculptés ou à tous autres travaux d’ornementation, que pour les nettoyer avec soin, ou les remettre en place s’il est nécessaire, et prendre soin qu’ils ne soient, plus endommagés à l’avenir. Dans toutes les restaurations d’églises, le principal objectif est de faire disparaître toutes les additions qui ont été faites sans égard aux règles architecturales ; mais, sous ce rapport, le restaurateur de l’église ne doit pas s’inspirer d’un modèle idéal, mais respecter les productions de chaque siècle autant que cela est compatible avec la restauration de l’édifice et l’usage auquel il doit servir. Si des constructions nuisent aux bons travaux anciens, il faut les transporter dans un lieu où elles ne puissent rien détériorer.

Les fonts baptismaux, les piscines, etc., doivent être réparés avec soin, s’il est nécessaire, pour les approprier à l’usage que l’on en fait, mais tout ce qui ne touche pas à la stabilité de l’édifice doit être laissé intact autant que possible. Les fonts baptismaux, par exemple, ne doivent jamais être grattés avec un instrument de métal, comme il arrive trop souvent. Les objets qui ne servent pas, comme les bénitiers, les aumôneries, etc., doivent être laissés tels qu’ils sont.

13° Les enceintes du chœur datant du moyen âge ne doivent sous aucun prétexte être changées de place. Il est rare qu’elles gênent la vue ou assourdissent les sons. Les sièges anciens dans l’intérieur de l’église doivent, quand cela peut se faire, être laissés dans leur état primitif. Les boiseries du temps du roi Jacques et d’une époque plus récente ont souvent autant de prix au point de vue artistique et sont aussi intéressantes au point de vue historique que les travaux du moyen âge.

14° Lorsque les objets curieux, des fragments de sculpture en pierre ou en bois, de tuiles, de verre, trop petits pour être employés de nouveau, se découvrent dans le cours des travaux, il est désirable qu’on les garde dans une caisse quelconque à l’église avec une étiquette et une courte description de leur histoire. Cette caisse serait fermée à clef. On doit prendre garde que les instructions de l’architecte ne donnent pas à l’entrepreneur de droits sur les objets comme vieux matériaux.

15° En donnant les conseils qui précèdent, on a supposé que les promoteurs des travaux apprécient comme il convient leur devoir envers un ancien édifice et ont à cœur de le restaurer de façon à ce qu’il dure le plus longtemps possible ; mais malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Les entrepreneurs de restaurations, qu’ils soient ecclésiastiques ou laïques, sont quelques fois plus portés à produire de nouveaux ouvrages qu’à conserver les anciens ; on ne peut donc insister trop fortement sur ce fait qu’en travaillant à une ancienne église ou à un autre édifice, leur objectif ne doit pas être simplement de faire une bonne réparation, mais bien de conserver un spécimen authentique de l’art