Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 5.djvu/6

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Palais-Royal dans lequel on descendait à l’aide du perron encore existant. Il doit son nom à la Chancellerie du duc d’Orléans, qui y tenait ses bureaux au temps de la Révolution et occupé longtemps par le journal le Constitutionnel, il donne asile actuellement aux expositions de V Union centrale des arts décoratifs et appartient à Mme la baronne Thénard. De fâcheuses surélévations sur le vestibule d’entrée et sur les bâtiments encadrant la cour, même sur le corps du bâtiment principal, défigurent l’aspect de cette intéressante construction, mais sans oblitérer rien d’essentiel de la partie sur la rue de Valois possédant encore en bon état de conservation des plafonds mythologiques peints par La Grenée le jeune, Noël Coypel et Du rameau, ainsi que des bas-reliefs de Pajou et des décorations de Monnet. L’architecture, elle-même, avec un péristyle dorique sur la cour, un péristyle ionique sur la rue de Valois et l’ordre composite du vestibule intérieur, offre une note caractéristique de ce style tout de transition du règne de Louis XVI. Il serait donc utile de veiller sur les destinées de cet hôtel, surtout au jour prochain, vers le printemps de 1900, date à laquelle l’Union centrale des arts décoratifs le quittera pour s’établir au pavillon de Marsan. »

Renvoyée à la 1re Commission.

« 2° Servitudes relatives à l’aspect des voies publiques. — Il faudrait ajouter à la place Vendôme et à la place des Vosges, mentionnées au procès-verbal de la séance du 5 mai comme soumises à des servitudes de cette nature, parties de la rue Royale, de la rue de Rivoli, de la rue de Castiglione, de la rue des Pyramides, la place du Palais-Royal, etc., etc., et, dans le nouveau Paris même, certaines avenues avoisinant le Trocadéro, le bois de Boulogne, etc., toutes rues, places ou avenues frappées de servitudes relatives à la disposition des façades sur la voie publique ou à l’éloignement des façades de ces immeubles de la voie publique. Il pourrait, ce nous semble, être intéressant de publier, au procès-verbal d’une séance de la Commission, un résumé des lois, décrets, arrêtés et ordonnances limitant les droits des propriétaires de ces immeubles.

Ce résumé pourrait, au reste, être emprunté, en y ajoutant quelques notes historiques et architectoniques, au Recueil de règlements dressé en 189U sous la direction de feu Alphand, directeur des Travaux de Paris, par M. G. Jourdan, chef du bureau des Alignements. » (Paris, Chaix, in-8, pages 121 à 177).

M. Charles Sellier demande si la place des Victoires ne pourrait pas être également comprise dans les voies et places frappées de servitudes d’alignements et de conservation architectonique. Bien que depuis quelques année la gracieuse ordonnance de cette place, construite sur les dessins de Jules Hardouin Mansart, ait été rompue par la percée de la rue Étienne-Marcel, bien qu’on l’ait défigurée davantage par la récente reconstruction de bâtiments dont les masses nouvelles ne concordent plus avec les lignes primitives qu’on a tenté de conserver, s’ensuit-il qu’on doive désormais abandonner aux hasards de la spéculation ce qui reste de son admirable état ancien ? Faudra-t-il désormais considérer comme lettre morte cette clause essentielle du contrat que la Ville passa, le 12 septembre 1685, avec l’entrepreneur Prédot, qui bâtit la place : « À l’avenir, ledit sieur Trédot ou ceux qui auront droit de lui, seront tenus et obligés d’entretenir la façade de ladite place en pareil état et symétrie, sans y rien changer » ?

Frochot n’a pas manqué de rappeler cette prescription d’origine dans son arrêté préfectoral du 29 germinal an XI tendant à la conservation de l’uniformité de décoration ordonnée pour la place des Victoires. Bien plus, il la renouvelle deux ans plus tard, « dans le moment surtout, dit-il, où les étrangers, que va attirer à Paris, la fête du couronnement, auraient peine à reconnaître l’un des plus beaux monuments de la capitale dans la place des Victoires défigurée» par la fantaisie et le mauvais goût de ses habitants.

Les successeurs de Frochot, y compris Haussmann, ne se sont pas non plus désintéressés du même souci. Maintes pièces des archives administratives de la Seine en font foi. Pour quelles raisons y renoncerait-on aujourd’hui ?

M. Jules Guiffrey ajoute qu’il serait bon de consulter à ce sujet l’excellente notice que M. de Boislile a publiée, il y a quelques années, sur la place des Victoires et la place Vendôme, dans les Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile de France.

M. Alfred Lamouroux propose de renvoyer la question de la place des Victoires à la 2e Sous-commission.

Adopté.