Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 6.djvu/20

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lettres onciales… in pace… ; un autre débris du même genre, où on lit en caractères gothiques : … re Tiebaut de Bourmontcontesse de Bar dame de Cassel q… Ces quelques mots sont justement un fragment de l’épitaphe suivante recueillie par M. Raunié dans son Épitaphier du Vieux Paris, au chapitre relatif au prieuré de Sainte-Catherine du Val-des-Écoliers, t. ii, p. 293 : « Cy gist noble homme maistre Thibault de Bourmont, licencié ez loix, seigneur de Manicamp et conseiller de madame Yolande de Flandres, comtesse de Bar et dame de Cassel, qui trespassa en l’an de grace M CCC XCV. » Il faut enfin joindre à ces objets un jeton banal en cuivre du XVIIe siècle et un double tournois du même temps.

« Les fouilles du souterrain exécuté pour le transfert de la gare d’Orléans de la place Valhubert au quai d’Orsay n’ont pas amené d’autres résultats que la rencontre, dans la galerie de gauche, entre les rues de Poissy et de Pontoise, sur environ 50 mètres de parcours, d’un long mur qui se poursuit dans la galerie de droite sur une même longueur de 50 mètres, jusqu’à la rencontre de la culée de l’ancien pont au Double, c’est-à-dire à environ 30 mètres en amont de l’axe du nouveau pont. Cette longue construction, composée de moellons avec pierre de taille en parements, où l’on a rencontré plusieurs gros anneaux d’amarrage, est évidemment un ancien mur de quai.

« Les dernières fouilles de la nouvelle École de médecine, exécutées à l’angle des rues Hautefeuille et de l’École-de-Médecine, ont amené les résultats que M. Duprez, architecte, a savamment décrits et définis dans les rapports dont il vient de vous être donné lecture et qui seront insérés au procès-verbal de la présente séance. Il est donc inutile d’en parler à notre tour, sinon pour rappeler que, d’après un mémoire de Quicherat, le légendaire château de Hautefeuille n’était autre qu’un castellum dépendant du camp romain dont l’emplacement est aujourd’hui marqué par le jardin du Luxembourg. Or, suivant cet auteur, le château de Hautefeuille aurait existé en un lieu que traversa plus tard l’enceinte de Philippe-Auguste entre les portes Saint-Michel et Saint-Jacques. Primitivement, voie romaine de second ordre, la rue Hautefeuille aboutissait à ce castellum.

« Quant à l’établissement de bains, dont M. Ch. Duprez parle comme d’un endroit mal famé, il est bon d’ajouter qu’il avait cela de commun avec la plupart des maisons de ce genre qui désignées autrefois sous le nom d’étuves, n’étaient autres que des lieux de débauche. L’établissement en question dépendait de la maison appartenant à Pierre Sarrazin et acquise par les Prémontrés en 1252.

« Signé : Charles Sellier. »

M. Charles Normand fait connaître qu’une excursion du Congrès des architectes au château de Vaux, habité par le fameux ministre Fouquet, et dont il a publié le Guide dans l’Ami des Monuments et des Arts, lui a valu l’intéressante lettre suivante ; elle nous donne des informations inédites, quoique rétrospectives, sur la tombe du célèbre personnage du siècle de Louis XIV :

« Mon cher Monsieur Normand,

« Comme tous nos confrères, j’ai été vivement impressionné par la magnificence du château et des jardins de Vaux-le-Vicomte, et enchanté du gracieux accueil qui nous y a été fait.

« Par une faveur spéciale, il m’a été donné de faire un singulier et triste rapprochement entre le luxe inouï de cette résidence et la fin lamentable du grand seigneur qui l’a créée.

« En 1866, alors architecte inspecteur du 4e arrondissement, j’ai été chargé, par le Ministre de l’Intérieur, de rechercher dans les caveaux du Temple Sainte-Marie, rue Saint-Antoine, autrefois le couvent de la Visitation des Dames Sainte-Marie, le cercueil du surintendant Fouquet, que sa famille a pu obtenir de faire transporter là, de Pignerolles, où il est mort.

« Mes recherches ont commencé du côté droit du temple, dont les caveaux ne contiennent que les cercueils de la famille de Coullanges-Sévigné.

« Pour les continuer du côté de la rue Castex, j’ai rencontré un sérieux obstacle : l’entrée des caveaux est masquée par un calorifère.

« J’ai dû faire crever la voûte dans les bas-côtés. J’ai été assez heureux pour pénétrer justement dans le caveau contenant les cercueils de Fouquet, de sa femme et de son fils, lesquels sont en plomb, portés par des tréteaux en fer. Les inscriptions sont en bronze.

« Le cercueil de Fouquet avait son couvercle enlevé. Ses restes m’apparurent à l’état liquide, ainsi qu’au docteur Gauthier de Claubry, qui avait mission de m’aider dans mes recherches et qui était accompagné de