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Lefebvre en 1899), de Louis-Jean-Népomucène-Marie-François Camus de la Guibourgère, seigneur de Viarmes, une maison située rue de Bourbon, pour la somme de 140,000 livres (1).
M. Ernest Coyecque, après de longues et patientes recherches aux Archives de la Seine (registres d’insinuation et archives domaniales), aux archives de l’Enregistrement de la Seine et des différentes études de notaires, a déterminé l’emplacement de cet immeuble, qui se trouve être aujourd’hui la propriété du comte de Levis Mirepoix, député de l’Orne, et porte le numéro 121 de la rue de Lille, nom que porte à nouveau, depuis 1830, l’ancienne rue Bourbon-Saint-Germain.
Du travail rédigé par M. E. Coyecque nous apprenons que Turgot paya, en dehors du prix d’achat de l’immeuble, une somme de 20,000 livres pour les « glaces, tableaux, boiseries, ornements, sculptures, marbres et autres décorations existant dans la maison », ainsi que pour une concession de 12 lignes d’eau accordées par la ville de Paris au père du vendeur, Jean-Baptiste-Élie Camus de la
Guibourgère, seigneur de Viarmes, qui fut prévôt des marchands de 1758 à 1763.
L’acte de vente porte que Turgot doit payer sur le prix d’achat une somme totale de 98,000 livres aux créanciers du seigneur de Viarmes. Or, Turgot mourut le 21 mai 1781, moins de deux ans après la conclusion de l’acte de vente ; à ce moment il devait encore 77,000 livres sur le prix de la maison.
Les héritiers de Turgot, Étienne-François Turgot, l’ancien gouverneur de la Guyane, et sa soeur, la duchesse de Saint-Aignon, cédèrent l’immeuble de la rue Bourbon au marquis d’Autichamp le 9 mai 1781.
L’immeuble fut vendu 160,000 livres et la décoration intérieure fut rétrocédée au prix d’achat, soit 20,000 francs. Cette décoration n’avait été modifiée que dans un cabinet du rez-de-chaussée, où Turgot avait fait déposer les boiseries en raison des travaux d’établissement d’une cave sous cette pièce. Turgot, on s’en souvient, mourut soudainement d’une goutte remontée au cœur, et ces travaux d’aménagement étaient ainsi interrompus.
Des recherches de M. Coyecque résulte doncce point que Turgot est décédé non rue de l’Université, comme l’a pensé M. Neymarck (1), mais bien rue de Bourbon, où se trouvait l’entrée principale de son hôtel.
Nous en étions là de nos recherches et votre Sous-commission allait se transporter le lundi 6 février à la chapelle de l’hôpital Laënnec, pour se livrer à une première reconnaissance sur place, quand je dus contremander ce rendez-vous, en raison de ce renseignement imprévu que M. Coyecque recueillit dans l’histoire de Turgot par Léon Say.
Turgot (2) mourut à Paris, le 18 mars 1781,
(1) Turgot ne trouva pas facilement la nouvelle demeure dont il avait besoin. Nous en avons la prouve dans la correspondance qu’il adressait à la marquise d’Enville et dont M. Omont. conservateur des manuscrits à la Bibliothèque, a bien voulu nous communiquer la copie qu’il possède.
Le 6 avril 1779, il écrit : « Je suis à la recherche d’une maison, mais je ne vois rien encore qui me convienne ».
Du 10 avril : « — Je n’ai encore rien trouvé pour me loger. M. de Montosquiou ne demande que 210,000 livres de sa maison, qui danserait en entier dans mon jardin. Cela me bit craindre de ne pouvoir loger ma bibliothèque dans le faubourg Saint-Germain qu’à des prix exorbitants.»
Le 10 juin 1779, parlant d’une maison appartenant à Mme de la Rivière et dont les droits de propriété peuvent être contestés, il dit : « — Je ne puis donc y penser ; ce serait m’exposer à changer encore de maison au premier moment. J’ai été voir hier le château du Coq : mais il sera peut-être difficile d’y faire les arrangements nécessaires pour m’y établir solidement. Ainsi vous me trouverez probablement dans la même incertitude. »
Cette incertitude dure peu puisque seize jours après, . Turgot signait l’acte d’acquisition de l’hôtel de Viarmes.
La correspondance avec la duchesse d’Enville ne fait pas allusion à cet achat, car elle ne reprend que le 18 octobre suivant.
C’est seulement dans une lettre du 11 juin 1780, datée de Paris, qu’il parle de son installation. « Le temps convient bien au transport de ma bibliothèque, qui ne commencera que demain. »
(1) M. Alfred Neymarck pense, à tort, que l’adresse ordinaire de Turgot. était rue de l’Université alors que les billets de faire part mentionnent la rue Bourbon au faubourg Saint-Germain. Il fait à ce propos la réflexion suivante :
Evidemment, écrit-il, il y eut une raison pour que, dans celle note, l’on substituât à l’entrée officielle de l’hôtel, rue de l’Université, l’issue particulière sur la rue Bourbon. Celle raison, il faut sans doute la chercher dans la nécessité où se trouva la famille de procéder aux obsèques de Turgot sans appareil et sans éclat. » (A. Neymarck, Turgot et ses doctrines, tome II, page 324.)
Cette hypothèse n’est pas exacte, puisque Turgot était propriétaire de son hôtel de la rue Bourbon.
(2) Turgot, par Léon Say. Paris. Hachette. 1887. p. 183.