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Page:Procès verbaux de l’assemblée législative des États du protectorat des Îles de la Société et dépendances - Session de 1866.djvu/14

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car vous avez à payer vos chefs, vos juges, vos instituteurs, la police de vos districts ; vous avez à participer aux frais d’entretien des routes, à subvenir à celui des bâtiments communaux, je veux parler de vos chapelles, des cases de chefferie, etc. Enfin, il ne faut pas oublier non plus ces anciens serviteurs de l’État tahitien dont vous devez soulager les vieux jours.

La bonne harmonie qui existe entre la Reine et moi m’a permis de penser à faire disparaître la condition d’infériorité dans laquelle se trouvaient les Tahitiens vis-à-vis des Européens.

Cette condition était la conséquence forcée des lois qui vous régissaient et qui créaient ici deux peuples, deux intérêts différents, presque hostiles.

En cherchant à lever cette barrière, je voulais aussi constituer la famille et la propriété, bases de toute société civilisée.

Un de mes prédécesseurs dont le souvenir vous est resté cher à juste titre, M. Bonard, avait déjà fait une loi sur l’état civil. Malheureusement l’exécution n’a pas répondu à son attente, et les inconvénients sont restés à peu près ce qu’ils étaient.

L’ordonnance des 17-18 janvier que vous êtes appelés à sanctionner va combler cette lacune.

Les districts de Faaa et de Punaauia ont déjà aujourd’hui leur état civil régulièrement établi. Ce travail, malgré des difficultés d’exécution, sera mené à bonne fin ; car lorsqu’on veut le bien comme je le veux, on parvient à le faire.

Mais pour que la famille et la propriété soient établies sur des bases solides, il faut des garanties qui ne peuvent se trouver que dans une justice éclairée.

Vous êtes les premiers à le reconnaître, l’organisation judiciaire de votre pays était, dans sa complication, tout-à-fait incomplète. Vos trois degrés, je dirai même vos quatre degrés de juridiction, sans profit pour la clarté des affaires, n’avaient pour résultat que de reculer la solution de vos contestations, solution qui n’était jamais définitive.

La participation des juges au partage des amendes qu’ils étaient appelés à prononcer, ainsi qu’à des frais de justice élevés, faisait nécessairement naître des doutes sur leur impartialité.