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d’intervalle. Notre contrée que l’on a si souvent accusée d’être pauvre en hommes et en institutions, s’est montrée jusqu’ici peu jalouse de repousser cette accusation. Elle pouvait cependant le faire victorieusement, en classant toutes ses richesses, et en ouvrant la galerie à ses détracteurs. C’est ce que vient de faire M. Alibert pour l’abbé Paulhé.

Ce travail dicté par le cœur suffira pour montrer de quelle puissance d’action peut disposer, pour le bien, l’homme qui a un grain de foi, et la charité d’un apôtre.

Au sein de la contrée connue sous le nom de Rouergue, à quelques kilomètres d’Alban, dans le Tarn, on trouve une modeste habitation servant de logement à une famille de bons cultivateurs et à l’exploitation d’un petit bien, leur unique domaine. Là naquit le jeune Paulhé en 1749. Aujourd’hui cette habitation est redevenue ce qu’elle était à cette époque. Il a suffi d’un homme pour accomplir sur ce petit théâtre de véritables prodiges. M. Alibert prend le jeune Paulhé à l’époque où il quitte la Fage, pour aller faire ses études au collége d’Albi. Les particularités du départ excitent déjà le plus vif intérêt en faveur de ce pauvre petit pâtre des montagnes qui change sa houlette pour les rudiments de la langue latine, et qui, tout avide qu’il est d’orner son esprit, tremble d’avoir fait un mauvais choix, en renonçant à cette modeste condition dans laquelle il avait plu à la Providence de le faire naître.

Cependant l’élève marche de progrès en progrès. Il devient l’objet d’un intérêt particulier de la part du cardinal de Bernis qui lui fait une petite pension. Il ne fut pas perdu pour l’homme de la Fage cet acte de générosité du Prélat ; car il semblait plus tard que l’abbé Paulhé acquittât une dette, en faisant arriver au complément de leurs études, grâce à son inépuisable et toute paternelle bienfaisance, une foule de jeunes gens pauvres.