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Des désordres si considérables chez un sujet qui avait succombé à une mort subite, sans maladie antécédente, firent supposer un empoisonnement par une substance très-irritante, mais non caustique. L’analyse chimique des liquides recueillis de l’estomac et des viscères, démontra que la mort de cette enfant avait été occasionnée par un liquide alcoolique concentré. Les recherches de la justice firent découvrir dans le domicile de l’accusé une fiole contenant un peu de trois-six, marquant 82°. Le père avoua qu’il avait donné de ce liquide à sa fille ; mais il ne fit cet aveu qu’un an après l’expertise médico-légale, au moment où il se constitua prisonnier.

Des matières grasses et résineuses dissoutes dans ce liquide avaient fait penser à M. Parayre, pharmacien expert, que l’agent de l’empoisonnement pouvait bien être de l’alcoolat de Fioraventi, plus ou moins altéré.

Dans une seconde expertise faite par MM. Filhol et Viguerie, et à laquelle M. Benazech prit part, il fut positivement établi que ce liquide était de l’alcool à 82°.

C’était donc un cas d’empoisonnement par l’alcool concentré. Il n’y en avait pas eu encore d’exemple dans les annales de la science.

M. Bénazech donne ensuite le détail des expériences nombreuses auxquelles il s’est livré avec ses collègues. Elles peuvent se résumer ainsi :

1° Des lapins ont été empoisonnés avec une quantité de dix à quinze grammes d’alcool ou de baume de Fioraventi ; la mort a été instantanée ;

2° Les chiens et les cochons ont résisté vingt-quatre heures ; la dose a été réitérée plusieurs fois. Ils ont succombé après avoir présenté les périodes d’excitation, de coma et de paralysie des membres postérieurs ;

3° Le lait mélangé au baume de Fioraventi, employé à la même dose, a déterminé aussi rapidement la mort.