Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/32

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Les études sur les langues, et en particulier sur les origines de notre langue nationale, ont pris dans ces dernières années une grande importance. On est remonté jusqu’aux écrivains des premiers temps. On les a consultés, non pas sans doute par rapport à leur valeur littéraire, mais comme des témoignages de l’état et des ressources de la langue au moment où paraissaient leurs ouvrages. Par des rapprochements habilement faits, on est parvenu à établir des théories et à constater l’existence de règles non encore formulées peut-être, mais reconnues et acceptées. La grammaire n’est venue que plus tard. Il en est du reste ainsi pour toutes les productions de l’esprit, quelle que soit leur nature. La pratique précède la théorie ; les modèles paraissent avant les règles dont ils sont l’application.

Ainsi, la première grammaire française formant un corps de doctrine est de 1531. À cette époque déjà, notre poésie avait produit plusieurs de ces pièces de peu d’étendue qui reçoivent aujourd’hui de leur antiquité, comme une nouvelle saveur et une plus vive délicatesse. Nos chroniqueurs avaient publié des ouvrages importants que les historiens de nos jours apprécient pour leur mérite intrinsèque, et que les amis de notre vieil idiome admirent pour leur inépuisable richesse, et leur énergique naïveté. Il n’y avait pourtant pas encore de grammaire ; car il n’est pas possible de donner ce nom à des observations isolées, à des études superficielles, à des rapprochements puérils. Une grammaire, d’ailleurs, ne peut être composée d’une manière solide et durable, que si elle repose sur des travaux comparés, et si elle demande son autorité à des exemples déjà consacrés par une admiration générale et un long usage.

C’est à un anglais, natif de Londres, gradué à Paris, que nous devons la première grammaire française. Il s’appelait maistre Jehan Palsgrave. Son livre est intitulé : l’Esclaircissement de la langue Françoyse. Il a paru en 1531, et a été fait pour la princesse Marie sœur de Henri VIII. Richard Puison en avait