Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 133 —

lution. Bien des documents qui auraient aujourd’hui une importance réelle pour l’histoire de Vielmur, de la maison de Lautrec et de notre contrée tout entière, ont disparu pour toujours. Il serait à désirer que les témoignages du passé, que la main de l’homme a dû respecter ou n’a pu atteindre, fussent recueillis avec soin, et gardés comme des débris précieux d’une existence qui a eu sa grandeur et son utilité. On s’honore en se montrant jaloux du passé, autant que l’on se condamne soi-même, en se laissant aller à l’indifférence ou au dédain, pour des souvenirs qui relient entre elles les diverses parties de la durée, et sont une satisfaction à la fois pour l’esprit, et pour le cœur de l’homme.


M. A. COMBES rend compte, de concert avec M. BRU, du livre intitulé Li Prouvençalo, offert à la Société par M. Roumanille.

La langue d’oc ne semble nullement exposée à disparaître, malgré l’envahissement de plus en plus sensible du français. Outre les raisons que l’on pourrait trouver dans la construction même de la langue, dans son rapport parfait avec les populations qui la parlent, dans cet attachement natif que l’homme porte toujours aux premiers sons qui ont frappé son oreille, il y a dans certains travaux de nos jours, dans des œuvres capitales, dans des associations pleines de vie et d’activité, des symptômes de conservation, et, en quelques endroits, de restauration éclatante, ou plutôt de résurrection glorieuse.

Au nombre de ces associations, destinées à exercer une influence réelle, il faut placer le groupe qui s’est formé sous l’inspiration et par les soins de M. Roumanille. Le but de ces nouveaux troubadours est de relever la langue provençale, de la mettre au service d’une poésie populaire, de la faire l’interprète des grandes convictions religieuses, et des sentiments moraux par lesquels vivent, se fortifient et se perfectionnent les sociétés. Chacun d’eux a porté son