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tudesque, celtique, gothique. La religion catholique est fidèle à son esprit ; elle emprunte et consacre partout ces noms particuliers qui, d’abord maintenus en petit nombre, dans un cercle restreint, s’étendent peu à peu, et acquièrent bientôt, surtout par le martyre, un immense développement.

L’usage de deux noms de baptême ne s’introduisit dans le midi de la France que vers le XIe siècle. Le choix était borné à un petit nombre de noms. Aussi se reproduisent-ils fidèlement ; et si, jusqu’au XVIe siècle, il y a des différences, elles sont peu sensibles et n’affectent aucun caractère spécial.

Le XVIe siècle doit être, pour le pays Castrais, l’objet d’une étude particulière. C’est l’époque de sa réunion à la couronne. Cette réunion amena une série de reconnaissances qui se traduisent en priviléges. De là sont venus des répertoires fort curieux sous plusieurs rapports.

Un de ces répertoires est de 1530. Tous les habitants de Castres payant contribution s’y trouvent avec leurs prénoms et leur répartition en gaches cadastrales. Les trois premières lettres de l’alphabet renferment 298 personnes, dont les 53 prénoms appartiennent tous au calendrier romain. Le nom de Jean s’y trouve 71 fois, celui d’Antoine 47 ; celui de Pierre 37 ; celui de Guillaume 27.

Pour 39 femmes, on trouve 18 prénoms : celui de Catherine se reproduit 9 fois ; ceux d’Antoinette et de Marguerite 5.

Ainsi, pendant cette période, on trouve un prénom unique toujours emprunté à l’église, et ce prénom à un caractère de généralité qui ne laisse pas même de place aux saintes ou aux saints spécialement honorés dans la contrée.

La Réforme pénètre dans Castres vers 1550. Elle veut avoir sa physionomie propre jusque dans les prénoms donnés à l’enfant présenté au temple.