Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/333

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Voilà, Messieurs, une des ambitions de la Société. Elle aime le pays où elle a pris naissance, et s’il lui était donné de retrouver un jour toutes ses origines, de suivre pas à pas tous ses progrès, de mettre en lumière les faits qui l’honorent, de faire sortir quelques enseignements des actes toujours trop nombreux que l’on voudrait pouvoir effacer, d’environner de reconnaissance les hommes qui lui ont rendu des services, ou dont la vie a contribué à son illustration et à ses progrès, elle serait heureuse de ces résultats, elle aurait rempli une partie importante de sa tâche.

C’est avec l’espoir de provoquer à l’étude du pays qui l’environne, qu’elle a mis au concours l’histoire d’une commune de la province du Languedoc. S’il ne lui a pas été possible de récompenser un travail spécialement local, elle a été heureuse de décerner une médaille d’or à M. Alfred Crouzat, membre de la Société archéologique de Béziers, pour la monographie de la commune de Roujan. Ce travail, considérable par son étendue, par les recherches de toute sorte dont il porte la trace, par les questions qu’il soulève, et les solutions qu’il donne, est dédié à M. Donnadieu, maire de Béziers. La Société a suivi avec un vif intérêt le développement régulier d’un plan bien conçu et sagement exécuté. M. Alfred Crouzat a cette patience qui n’est pas la lenteur, et cet amour des petites choses qui ne va pas jusqu’à la minutie. Des qualités plus brillantes ont chez lui leur place à côté de cette puissance d’investigation que réclame l’étude des faits et celle des lois qui les régissent. Aux recherches qu’il a faites avec soin, qu’il a contrôlées avec intelligence, qu’il a classées avec art, on reconnaît cet amour sérieux du passé, que donne son commerce habituel, et que fortifient de longues études. Il faut en effet un exercice qui date de loin, pour discerner entre tant de détails en apparences inutiles, ceux qui peuvent avoir une portée, et servir à caractériser une institution, ou à peindre une époque. À la vie que M. A. Crouzat a su répandre