Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/335

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jeté au milieu de ces temps si différents des nôtres ? N’admire-t-on pas ces habitants si faibles par le nombre, mais forts de leurs droits, et fiers d’avoir su les conquérir ou les défendre ? Voilà l’illusion sous laquelle M. A. Crouzat nous fait vivre ; et lorsque après avoir été examinée en détail, sa monographie est parcourue sans interruption, elle absorbe si bien l’attention, par l’intérêt et la vivacité du récit, que l’on se trouve sous le charme d’une réalité pleine de vie et de mouvement. Ce serait un éloge pour un roman. Il ne perd rien de sa portée, appliqué à un fragment historique.

Les réflexions par lesquelles M. A. Crouzat termine quelques tableaux, sont en général d’une justesse que peut seule donner l’étude profonde des phases diverses, par lesquelles sont passées les communes dans notre histoire. Les inductions qu’il tire de certains faits, révèlent un esprit ingénieux que le travail assouplit et que l’habitude de la réflexion élève. On sent qu’il a aimé son sujet, et voilà pourquoi il l’a si bien traité.

Pourquoi des études de ce genre ne seraient-elles pas multipliées ? Elles jetteraient un jour éclatant sur les parties les plus obscures de notre histoire nationale ; et, dans une époque où tout se déplace, où l’on semble avoir honte de vivre paisiblement dans le milieu qui a été témoin des premières années, on s’attacherait, au moins par le cœur, aux plus petits centres, parce qu’on saurait ce qu’ils ont été, et on les entourerait de cette affection pieuse, si douce pour celui qui la ressent, et si honorable pour les objets auxquels elle s’applique.

La seconde question posée par la Société, était une étude du bassin de l’Agoût. On avait voulu, par ce choix, maintenir le concours dans certaines limites, et donner au pays un gage nouveau de cette attention dont on tient à l’entourer. La Société veut être un centre de travail intellectuel : elle sait le rôle que lui donne sa position, et les limites naturelles dans lesquelles l’enferme la