Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/342

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les publie. C’est là ce qui relève toute poésie, et en fait véritablement une inspiration supérieure, un langage divin.

Nous aimons, Messieurs, à rendre hommage à tous les efforts tentés, à tous les résultats obtenus. Voilà pourquoi, sans vouloir connaître aucun des concurrents qui n’avaient pas, à nos yeux, un assez grand poids, une portée assez haute, un mérite assez réel, pour prétendre au prix, nous avons tenu à dire d’une manière générale le bien et le mal, laissant à chacun le soin de faire sa part, et espérant que la vanité, si souvent reprochée aux poètes, ne parlera pas assez haut en eux, pour leur faire méconnaître, en cette circonstance, la sincérité de nos jugements, et la bienveillante justice de nos appréciations.

Cependant cinq pièces nous ont paru dignes d’une attention sérieuse ; et parmi elles, une a obtenu une mention spéciale. Elle porte le numéro 19 et a pour épigraphe :

Que faire dans un lit à moins que l’on ne songe ?

Elle a pour titre : Épitre à mon Savoyard.

Le sujet est simple. Un savoyard travaille ; celui qui l’occupe et qui n’a rien de mieux à faire, réfléchit et lui adresse en vers le résultat de ses réflexions. Rien de bien élevé, de bien neuf dans ce long monologue. Des considérations morales, des peintures saisissantes pourraient naître des contrastes indiqués par la situation, et dont on retrouve en plusieurs endroits la trace. L’auteur les a laissées de côté, pour s’en tenir à la superficie du sujet. Mais là, tout est heureusement saisi, tout est rendu avec une finesse pleine de charme. Le mouvement est vif, le vers rapide ; la pensée est nette, exprimée avec justesse, disposée avec art ; les descriptions abondent. Elles rappellent involontairement une époque où elles formaient à elles seules ce que l’on appelait la poésie. Et pourtant, l’auteur est d’une autre école ; il remonte plus loin : il