Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/349

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qui oblige l’homme à rendre hommage à tout ce qui porte l’empreinte de l’élévation et de la sincérité.

Le dernier prix proposé par la Société était une médaille d’argent pour un conte inédit en vers patois.

Messieurs, ne soyons ni trop absolus dans nos préférences, ni trop exclusifs dans nos répulsions. Nous avons entendu louer les dialectes du midi de la France, comme une langue qui réunit en elle tous les caractères propres à assurer, non pas seulement sa conservation, mais encore une certaine domination locale. Nous les avons entendu blâmer avec une passion, ou repousser avec un dédain qui ressemblaient à une grande injustice. Le patois a été pendant des siècles la langue de nos pères. Il s’est maintenu, jusqu’à nos jours, malgré toutes les causes qui semblaient devoir affaiblir son empire et restreindre son usage. C’est qu’il est une tradition. Et vous savez combien la tradition est puissante sur le cœur de l’homme. L’homme disparaît, l’humanité se continue ; et, dans sa marche, elle tient, à part certaines exceptions qui occupent dans l’histoire une grande place, à rester elle-même. Les peuples succombent sous la loi d’un vainqueur. Leur dernière consolation, quand ils ont tout perdu, le dernier lien qui semble les rattacher à leur passé, c’est la langue. Ne vous étonnez donc pas de les voir jaloux de ce souvenir de leur nationalité. La langue que l’on a appris à parler sur les genoux de sa mère, a toujours pour le cœur certaines douceurs ineffables, et il n’est pas possible de l’entendre, surtout loin de son pays, sans en être ému et touché.

Voilà pourquoi, Messieurs, nous avons cru devoir faire appel à tous ceux qui savent encore dans sa pureté ce langage élégant et harmonieux, gracieux et énergique, souple dans sa contexture, riche dans ses mots et dans l’image qu’ils portent avec eux. Nous leur avons demandé une œuvre peu importante par son sujet, mais dans laquelle