Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/51

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Il eut été curieux de suivre les efforts tentés par les habitants de Saïx pour échapper à la domination directe du monastère, pendant tout le cours du moyen-âge. Il est certain qu’il y eut des contestations ; et il est impossible que les idées d’indépendance n’eussent pas de manifestation dans toutes les réunions d’hommes un peu nombreuses. Les documents manquent ; mais le mémoire objet du travail de M. Ducros, prouve que la tentative de 1530, n’était pas un effort isolé. Les moines, car les bénédictins de Castres ne furent sécularisés que quelques années plus tard, en 1555, quoique leur couvent eut été érigé par Jean XXII en Chapitre cathédral par la bulle d’érection de 1317, avaient rendu le joug des habitants de Saïx aussi léger que possible. Ils n’avaient pourtant négligé aucune occasion de constater leurs droits ; et ce n’était pas une précaution inutile, dans une organisation où tout était sujet à contestation, à cause des rivalités d’intérêts et de la multiplicité des juridictions. Lorsque le Chapitre fut forcé de faire reconnaître ses droits d’une manière positive, la question s’engagea sur un terrain nouveau. La lutte fut plus vive, parce qu’un élément plus actif et plus puissant venait prendre sa place et réclamer sa part.

Le roi François 1er pressé par les besoins des finances sans cesse renaissants, à cause des prodigalités d’une cour fastueuse, et des dépenses de la guerre, fut obligé de recourir à des expédients. Un des plus radicaux et des plus efficaces, fut la réunion à la couronne de tous les domaines qui en avaient été détachés à titre gratuit, par lui ou par ses devanciers. Le duché de Berry donné à vie à sa sœur bien-aimée, la reine de Navarre, fut seul excepté de cette mesure. Le roi ne reconnaissait comme aliénations à titre onéreux, que celles qui avaient été faites pour les besoins de la guerre, à dix pour cent d’intérêt, pourvu encore qu’on en apportât un titre authentique. Grande fut l’appréhension des titulaires de seigneuries dont une longue possession formait le seul droit, et, par contre, l’espérance de tous