Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/97

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De plus, l’immutabilité de l’intérêt semble indispensable à la prospérité du commerce, dans un pays où il n’a d’autre base que le crédit, et où, contrairement à ce qui se passe en Angleterre, on se hâte d’abandonner les affaires, dès qu’on est arrivé à une certaine aisance. Il n’est pas, en effet, d’opération importante qui ne demande quelques mois pour se réaliser ; et les calculs du négociant le plus habile, seraient exposés à préparer de cruelles déceptions, si le taux de l’intérêt était soumis à de continuelles oscillations.

La loi de 1807 avait su éviter ce danger, et la France commerciale a considérablement grandi à l’abri de ses sages prescriptions.

Ce n’est donc pas dans le système de cette loi, et dans la position qu’elle a faite à l’agriculture, à l’industrie et au commerce, qu’il faut chercher la cause de la crise immense qui vient de peser si douloureusement sur l’Europe, et qui n’a éprouvé la France, qu’après avoir désolé l’Angleterre et les États-Unis. Ce n’est pas dans le système de la liberté absolue qu’on peut espérer de trouver le remède réclamé par tant d’intérêts, et sollicité par tant d’existences compromises.

L’étude des grands événements politiques qui, depuis quelque temps agitent si profondément le monde, ne ferait-elle pas découvrir au moins, le secret de ces perturbations financières que la prévoyance humaine ne saurait éviter, et que la science semble bien impuissante, jusqu’à présent, à restreindre dans d’étroites limites ?